

Emission de Radio Pikez enregistrée à Brest le 18 février 2022 :
Article du Poher hebdo Juillet 2019 :
JEAN-CLAUDE LALANNE : LE LIBRE ARTISTE !
Voilà près de 60 ans que Jean-Claude Lalanne, alias le Prince Ringard, roule sa bosse aux quatre coins de France et de Navarre, enchaînant les tournées, les albums et les ouvrages. Le dernier livre en date : « Carnet de route d’un déglingué », retrace la vie de ce personnage aussi sympathique qu’atypique. Nous l’avons rencontré à Spézet, où il réside depuis 18 ans maintenant. Du haut de ses 73 ans, jean-Claude Lalanne n’a rien perdu de sa fougue, de ses idéaux, de sa foi en l’humain qu’il voit pourtant se déshumaniser… A l’écoute de son dernier album : Dégradation par l’Ouest, sorti en 2018, on s’attend à rencontrer une bête enragée prête à vous sauter à la gorge. Il n’en n’est rien. C’est d’un calme assuré et d’une voix bienveillante que Jean-Claude m’accueille à sa porte. Un grand potager, cinq chats, végétalien, ne boit pas d’alcool, ne fume pas, on est décidément loin de l’anar enragé que j’imaginais !
LE SPECTACLE COMME SURVIE
La musique il y tombe un peu par hasard : « J’avais le choix : bosser ou faire du rock n’roll, quand j’ai vu la gueule des gens qui bossaient, j’ai fait du rock n’roll », peut on lire à la toute première page de son dernier livre. Il choisit la deuxième option: « J’ai eu une pulsion, comme ça,je me suis dit pourquoi pas ? » explique -t-il. Lorsqu’il quitte l’orphelinat de Saint Vincent de Paul à 16 ans ce Montpelliérain de naissance commence à chanter dans la rue, faisant la manche avec un de ses camarades de fortune. Jusqu’à ce jour de décembre 1963, où le propriétaire d’un cabaret leur propose un engagement d’un mois : « On jouait six jours sur sept pour cinquante francs par jour. Depuis ça ne s’est jamais vraiment arrêté. Jusqu’en 1976, c’est devant un public clairsemé ». Aujourd’hui, pour Prince Ringard, le spectacle est plus qu’une passion, c’est une forme de survie. « C’est une bouée sur laquelle on se raccroche ». Une bouée qui lui permet de s’extirper de ce monde dans lequel il se sent spectateur et en aucun cas acteur. Et pourtant les relations humaines sont tout ce qui l’intéresse : « L’autre jour à Nantes un SDF m’a embrassé, c’est inestimable ».
UN ARTISTE QUI REFUSE DE L’ÊTRE
Depuis 1976, il enchaîne les concerts, une centaine chaque année en France, en Suisse et en Belgique et près de 45 000 Kilomètres au compteur de fourgon. Il a enregistré 22 albums et a écrit 24 livres. Il le clame haut et fort : « Je ne suis pas un artiste, j’ai envie de rester ce jeune homme de 16 ans qui tendait la main, je préfère vivre dans mon monde et ce n’est pas aujourd’hui que je vais changer ». En 2016 deux de ses compositions, Alerta antifascista et Fils de personne sont choisies pour figurer dans une compilation internationale célébrant le cinquantenaire du mouvement pacifiste américain Youth International Party. Même s’il ne cache pas avoir été très flatté, Jean-Claude relativise : « On me dit que c’est une consécration, mais une consécration de quoi ? » Mais depuis 25 ans maintenant il n’est plus seul en scène, il joue avec celle qu’il nomme très affectueusement : « La petite », C’est Mousse. Depuis ce jour de juin 1994, il l’avoue très ému : « Je suis heureux ».
UN ARTISTE PUNK ?
« Non je suis trop punk dans mon mode de vie et ma façon de penser » lance un brin malicieux Jean-Claude. » Les punks m’aiment bien et ce sentiment est partagé. Ses textes transpirent ses espoirs, ses doutes, ses désillusions mais aussi et surtout son engagement, celui envers les opprimés, contre l’injustice, le racisme, l’antisémitisme, la xénophobie : « Il y a en France des milliers de logements inoccupés, je le dis, Il y a 500 SDF qui meurent chaque année, je le dis, dans les prisons françaises, il y a des gens malades qui ne sont pas soignés, je le dis. Des peurs il en a comme tout le monde : « Le manque d’humanisme me fait peur, la montée du populisme et de l’extrême droite aussi. En 1945 on avait dit : « Plus jamais ça ». Aujourd’hui on banalise l’extrême droite en leur servant la soupe dans les médias. En France les président se succèdent et se ressemblent, ils ont un ego et un narcissisme démesurés. Ces gens-là se prennent pour des êtres supérieurs et quand ils arrivent au pouvoir ils se coupent de la réalité ». Prince Ringard ne semble pas prêt de s’arrêter. Des dizaines de concert sont programmés en 2020 ainsi qu’un nouvel album : « Rue des chats perchés » et un nouveau livre : Une vie de chien et rien d’autre.


Télérama Juillet 2017 :
« Prince Ringard un improbable « punk à chat » :
Depuis 1994, il est accompagné sur scène par sa compagne, Mousse, qui enrichit ses diatribes acidulées. Ses chansons, s’inscrivant dans une tradition bien française, bouffent du bourgeois, du curé, du politicard et bien sûr du facho. Chaque année, le prince et Mousse font une centaine de dates, récréation semi-acoustique au milieu des décibels des groupes anarcho-punk et hardcore. « Même aujourd’hui, je continue à trouver ça étrange : les années passent mais j’ai toujours un public jeune de moins de trente ans.» Hors du temps, hors des modes et hors compétition : à 71 ans, ce Léo Ferré anarcho-punk continue de tracer sa route en dehors des sentiers battus. »

Paru dans le Télégramme du lundi 29 août 2016 :

Jean-Claude Lalanne, écrivain et auteur-interprète libertaire, auteur depuis les années 70 de nombreux livres et disques sous le nom de son groupe « Prince Ringard », ne s’explique toujours pas très bien comment deux de ses chansons ont été choisies pour une compilation internationale. Entre deux concerts dans de petits lieux, squats, cabarets, bars, mais aussi, depuis quelque temps à l’affiche avec de grands noms comme Pigalle, le chanteur installé à Spézet a reçu cette information que Thomas Record, installé à Santa Cruz, aux États-Unis, sortirait, l’an prochain, un double CD d’une dizaine de groupes libertaires, anarchistes, révolutionnaires et, en tout cas, revendicatifs de tous les continents. Il s’agit de célébrer le 50e anniversaire du mouvement américain pacifiste Youth International Party qui s’illustra durant la guerre du Vietnam, les « Yippies » organisant des performances, comme celle de la marche anti-guerre d’octobre 1967 sur le Pentagone et allant jusqu’à présenter un cochon nommé Pigasus aux élections présidentielles. « On a cru que c’était une blague » Jean-Claude Lalanne sait que ses livres et disques sont connus de la communauté française aux États-Unis puisqu’il reçoit des commandes de là-bas, mais il ignorait qu’il possédait cette renommée. « On a même cru que c’était une blague ! Deux de nos morceaux ont été choisis, » Alerta Antifascista » et » Fils de personne « . On est, bien sûr, très heureux et touchés car cette compilation sera distribuée dans de nombreux pays ».


Fanzine « Rotten eggs smell terrible » Février 2015


2 émissions de Radio Oloron concoctées par le camarade Askatu Mars 2015 :
http://www.mediafire.com/listen/3f3ac37s3a21y46/137+Celle+des+Gravos+part1+%E2%80%93Avril+2015.mp3
http://www.mediafire.com/listen/11g3v1z3y75as1q/138+Celle+des+Gravos+part2+%E2%80%93Avril+2015.mp3


Interview diffusée sur Radio laser (émission Keep the rage) Janvier 2015 : http://www.radiolaser.fr/Keep-the-rage-du-vendredi-30-janvier-Interview-du-Prince-Ringard_a13744.html


Interview du Prince Ringard pour le fanzine : “KARNAGE” (Maloka Dijon) Mars 2012 :
Petite présentation de la formation “Prince Ringard” :
C’est un duo, Mousse compose la musique, elle joue de la guitare, de l’harmonica, de la caisse claire et de la grosse caisse. J’écris les textes et je chante.
Depuis quand tu traînes dans la musique ?
Exactement depuis décembre 1962. Je n’arrivais plus à cumuler mes cours et le boulot à la gare de marchandise. C’était très dur, on déchargeait des sacs de ciment avec mes camarades immigrés. En faisant la manche avec mon pote j’avais un moyen de survie moins contraignant et surtout je ne voulais pas travailler. Ce n’était pas chez moi une action réfléchie, c’était plutôt une crainte, un rejet. A l’époque je chantais Brel, Ferré et mes premiers textes.
Qu’est ce qui fait que tu es toujours là avec la rage en 2011 ?
A 65 ans je n’ai jamais oublié d’où je viens : L’institut à Issoire (orphelinat). J’étais pauvre. Le problème c’est que je me suis attaché à ma pauvreté et j’ai fini par la revendiquer. J’ai toujours lutté pour un combat fraternel. Ce qui explique mon engagement dans l’humanitaire avec mes camarades.
Dans le mouvement punk, mais pourquoi ?
Je ne sais pas. Les punks nous aiment bien, ce sentiment est partagé mais très franchement nous ne sommes pas punks. Notre musique se rapproche du “protest song”. Les influences de Mousse sont Dylan, Neil Young etc… Quand à moi je me sens plus proche de Brel ou Ferré.
Les combats politiques qui te motivent le plus ?
Je suis un humaniste viscéral. Avant d’épouser la cause anarchiste, j’étais communiste. J’ai délaissé comme beaucoup le côté théorique et bureaucrate. La raison est simple : Je me sentais largué. Je n’ai jamais voté et je préfère l’action sur le terrain.
J’ai lu quelques embrouilles, rumeurs te concernant sur le net (j’avoue ne pas aimer ce média), ta réaction ?
L’extrême droite applique ses vieilles méthodes : la dénonciation sous le couvert de l’anonymat. Dans les années quarante certains Français dénonçaient des Juifs en toute impunité. Aujourd’hui ils dénoncent les “sans-papiers”. En ce qui concerne le collectif anonyme qui dégueule sur mon compte (et sur d’autres personnages publics ancrés à gauche), c’est exactement la même chose. Ce sont des tentatives d’intimidation qui ont pour but essentiel de détourner l’attention pour tenter de faire oublier l’agression physique dont Mousse a été la victime le 10 septembre dernier. Ces gens là se disent apolitiques et anti communistes. Par ailleurs ils sont convaincus que “Marine Le Pen est le seul recours possible” (sans commentaire). Je n’ai pas répondu sur les forums, le combat des rats au fond de la poubelle ne m’intéresse pas. Je ne discute pas avec les fascistes, je les combats.
Tu écris des bouquins, sors des disques, tournes tout le temps, mais tu vis ou ?
Nous vivons à Spézet en centre Bretagne, nous avons un tas de pierres en forme de maison. Nous n’avons pas l’EDF, nous récupérons l’eau de pluie, nous fabriquons notre pain, nous avons des toilettes sèches. En dehors du téléphone fixe et d’un petit ordi portable nous n’avons rien, pas de télé, pas de frigo, pas de congel, pas d’aspirateur, pas de téléphone mobile etc… Notre potager nous permet d’être complètement autonomes puisque nous sommes végétaliens. Le jardin c’est un gros travail. Les concerts, les CD, les bouquins ce sont pour nous l’autre moitié de notre activité.
Un de tes rêves qui te tient le plus à coeur ?
J’en ai plein : Une société plus juste qui n’accepterait plus que des gens puissent crever dans la rue. Une société sans classe et surtout plus humaine. Le peuple palestinien enfin reconnu et respecté. Un deuil national pour les 50 ans du massacre des Algériens par la police française en 1961. Le pardon officiel de la France au peuple algérien à l’occasion des 50 ans de l’indépendance. A côté de cela, c’est vrai, il y a des évènements mineurs et sans grand intérêt comme l’élection présidentielle, l’accouchement de madame la présidente ou les aventures de DSK, mais là je l’avoue humblement ce n’est pas ma tasse de thé.
Dernier bouquin lu, journal, disque ?
Le dernier bouquin c’est celui de Régis Debray : “Le moment fraternité”. Je n’écoute pas beaucoup de musique mais en ce moment Mousse a retrouvé une compilation de Castelhémis et j’en profite aussi, surtout la chanson “N’importe quelle sorte d’amour”. Je lis Siné Mensuel, CQFD, de temps en temps la Décroissance.
Petit mot de la fin.
Nous pensons que la décroissance est une excellente réponse au capitalisme. Elle ne considère pas l’argent comme l’élément moteur de l’individu. Elle éloigne le superflu et se rapproche de l’humain. La société capitaliste n’a aucune logique et elle stigmatise les populations les plus faibles. C’est un acte barbare, un crime contre l’humanité. Ce sera le mot de la fin.
Celui qui vous aime et qui baise ses mots : Le Prince Ringard.



